Déclaration sur la gouvernance collégiale

Déclaration sur la gouvernance collégiale

L’ACBES/CAPAL soutient les bibliothécaires universitaires professionnels en tant que participants égaux dans les structures de gouvernance des établissements universitaires et reconnaît le rôle essentiel des bibliothécaires universitaires dans l’enseignement et l’avancement de la recherche et des savoirs dans la mission des établissements d’enseignement.1 Les bibliothécaires universitaires, en tant que professionnels de bibliothéconomie et sciences de l’information et praticiens universitaires, ont droit à l’autonomie professionnelle et aux droits et responsabilités de la liberté universitaire et de la gouvernance collégiale. Pour ces raisons, l’ACBES/CAPAL soutient la participation des bibliothécaires universitaires à tous les niveaux de la structure organisationnelle d’un établissement, de la bibliothèque aux plus hauts niveaux de gouvernance. Souvent minoritaires au sein de leurs communautés universitaires, les bibliothécaires universitaires ont souvent du mal à obtenir une représentation égale dans le cadre d’un processus démocratique. Par conséquent, l’ACBES/CAPAL souligne la nécessité d’éliminer les obstacles qui empêchent une représentation démocratique et égale dans la gouvernance et les processus collégiaux. La gouvernance collégiale est fondée sur la conviction partagée qu’il est dans l’intérêt commun de coopérer à la promotion de la mission d’enseignement de l’université.

Une composante nécessaire et essentielle de la gouvernance collégiale est l’établissement de forums où les bibliothécaires ont une voix et une liberté universitaire pour débattre, faire avancer et traiter des questions professionnelles de manière transparente et collégiale. Une prise de décision centralisée et unilatérale risque d’être aliénante et contre-productive pour l’avancement de la mission d’une organisation. Les processus collégiaux augmentent non seulement de manière significative l’investissement et l’appropriation des initiatives administratives par les bibliothécaires professionnels, mais servent également à promouvoir leurs fonctions. La prise de décision participative augmente le moral, la créativité et les contributions des professionnels et est associée à un leadership efficace.3 De plus, l’argument le plus convaincant en faveur d’une gouvernance collégiale forte est la responsabilité du bibliothécaire envers les individus et la société. Les bibliothèques universitaires, comme les établissements qui les abritent, sont des sphères publiques qui jouent un rôle essentiel dans la sauvegarde de nos libertés démocratiques. À ce titre, leur gouvernance doit être ancrée dans les valeurs du bien public4 et dans l’éthique et les principes professionnels.

L’ACBES/CAPAL approuve, comme pierre angulaire de la structure de gouvernance de la bibliothèque, la formation d’un conseil de bibliothèque. Dans les communautés universitaires canadiennes, le conseil de bibliothèque a été conçu à l’origine comme un forum permettant aux bibliothécaires universitaires professionnels et au corps professoral de discuter collégialement des questions d’actualité, des priorités et des objectifs dans la perspective de la mission de l’établissement. En réalité, le conseil de la bibliothèque a été transformé en un organe d’échange de l’information qui ne participe plus au processus intellectuel de délibérations et de consultations collégiales dans une atmosphère qui reconnaît la liberté universitaire. Par conséquent, l’ACBES/CAPAL souligne que le conseil de la bibliothèque ne devrait pas être un simple organe d’échange d’informations. Responsable devant le sénat universitaire ou l’organe équivalent, et avec un mandat reconnu dans les conventions collectives, le conseil de la bibliothèque doit être un organe décisionnel qui détermine les politiques et les priorités de la bibliothèque. Le conseil de la bibliothèque, en tant que moyen de gouvernance collégiale efficace, devrait examiner les questions clés ayant un impact sur le travail des bibliothécaires et le développement des ressources et des services des bibliothèques. Le conseil de la bibliothèque fonctionnera selon des statuts et des règles de fonctionnement qui reflètent ce qui suit :

  1. Que tous les bibliothécaires professionnels de la bibliothèque en tant qu’unité universitaire, y compris ceux qui occupent des postes administratifs ou contractuels, 6 forment la majorité des voix du conseil.
  2. Que l’adhésion des non-bibliothécaires soit considérée sur la base des circonstances locales, mais que cette adhésion ne viole pas le rôle majoritaire des bibliothécaires professionnels comme indiqué ci-dessus.
  3. Que le rôle du bibliothécaire universitaire, ou son titre équivalent, soit clairement défini.
  4. Que le président du conseil de bibliothèque soit choisi parmi les bibliothécaires professionnels.
  5. Que, dans le cas d’effectifs professionnels plus importants, on envisage la formation d’un comité exécutif du conseil de bibliothèque ayant pour simple mandat de déterminer les ordres du jour du conseil de bibliothèque et dont les membres sont élus parmi les bibliothécaires professionnels pour un mandat déterminé dans les règlements du conseil de bibliothèque.

Notes en fin de texte

1 L’ACBES appuie pleinement le document de travail du comité des bibliothécaires de l’ACPPU sur la gouvernance et les bibliothécaires, approuvé par le conseil de l’ACPPU en avril 2000 et par la Conférence générale de l’UNESCO, vingt-neuvième session, Paris, « VI-Droits et libertés du personnel enseignant de l’enseignement supérieur » 1997.  

2 Villanova University. Faculty Congress. (2006). Definition of Collegial Governance. https://www1.villanova.edu/content/dam/villanova/faculty_congress/definition-of-collegial-governance.pdf

3 Bryman, A. (2008). Bryman, A. (2008). Effective leadership in higher education: A literature review. Studies in Higher Education, 32(6), 693-710. 

4 Voir les travaux de Henry A. Giroux pour une discussion approfondie sur l’enseignement supérieur en tant que bien public, en particulier, Giroux, H.A. (2011). One more, with conviction: Defending higher education as a public good. Qui parle, 20(1), 117-135. 

5 ACBES Academic Librarianship: A Statement of Principles (2012); ACBES Statement on Governance (2015); et IFLA Code of Ethics for Librarians and Other Information Workers, 2012 http://www.ifla.org/news/ifla-code-of-ethics-for-librarians-and-other-information-workers-full-version

6 En 2010, seulement 49 % de l’ensemble du corps professoral du secteur de l’enseignement supérieur aux États-Unis était à temps plein. Voir Gerber, L. The Rise and Decline of Faculty Governance (2014), John Hopkins University Press. À titre de comparaison, au Canada, 66,9 % des membres du corps professoral universitaire sont à temps plein et 64,5 % des membres du corps professoral des collèges et des établissements de formation professionnelle sont à temps plein. Bien que la situation ne soit pas aussi grave qu’aux États-Unis, les nominations contractuelles sont en hausse, voir l’Almanach de l’enseignement postsecondaire au Canada de l’ACPPU 2014-2015, http://www.caut.ca/docs/default-source/almanac/almanac-2014-2015.pdf?sfvrsn=4. Afin de ne pas priver de leurs droits un segment de plus en plus important de pairs professionnels, l’ACBES-CAPAL estime que les connaissances et l’expertise professionnelles de l’ensemble des bibliothécaires, sans distinction quant à leur rang et à leur statut, sont essentielles au développement de services et de ressources de bibliothèque optimaux.

DÉCLARATION SUR LA GOUVERNANCE COLLÉGIALE (2015-04) APPROUVÉE : AGA ACBAP/CAPAL, 2015-06-01